Chaire Littératures comparées - Leçon inaugurale de William Marx

Une nouvelle chaire intitulée Littératures comparées est confiée à l’historien de la littérature, écrivain et essayiste William Marx, qui présente sa leçon inaugurale "Par-delà la littérature – Lire dans la bibliothèque mondiale".

Il y sera traité de la littérature comme un fait universel, d’extension mondiale et d’envergure transhistorique, quoique sous des modalités extrêmement diverses.

Par-delà la littérature – Lire dans la bibliothèque mondiale

À quelle échelle en effet envisager un problème quelconque de l’histoire littéraire ? L’échelle européenne vaut pour un grand nombre de sujets intéressant la littérature française. Mais de quelle Europe s’agira-t-il ? Une définition large s’impose, intégrant les littératures des langues européennes, de quelque continent qu’elles viennent, et notamment des Amériques. Mais pourquoi s’arrêter là ? Dès l’Antiquité classique, les échanges méditerranéens et eurasiens mirent en contact les cultures européennes avec l’Afrique et l’Asie, et ils ne cessèrent de se complexifier, en particulier avec les mouvements de colonisation, puis de décolonisation. La perméabilité des cultures et la circulation des œuvres forment une donnée fondamentale de leur histoire.  

La notion même de littérature fait cependant problème, avec tout ce qu’elle implique de présupposés et d’usages historiquement datés et géographiquement localisés : en gros, l’Europe des deux derniers siècles. C’est pourquoi l’intitulé de cette chaire a été mis au pluriel, et il y est proposé l’étude non pas de la, mais des littératures, dont il convient de postuler d’abord la diversité, non seulement linguistique, mais culturelle et anthropologique. Il s’agira d’explorer une problématique, celle de la pluralité des objets dits littéraires, de leur nature, des corpus qu’ils forment, de leurs fonctions et de leur variabilité historique et culturelle.

 En travaillant à une histoire et à une géographie différentielles du concept de littérature, on visera à provoquer chez le lecteur contemporain un sentiment d’étrangeté par rapport à lui-même, à déstabiliser ses systèmes de valeurs et sa vision du monde : non pas le simple dépaysement pour le dépaysement, mais un dépaysement visant à la défamiliarisation.  

Une telle réflexion sur les cultures dans lesquelles s’inscrivent les textes finit forcément par déboucher sur une critique générale de la culture, selon une mission de nature humaniste et démocratique. Dans l’Europe à laquelle nous participons désormais en tant que citoyens, dans le monde globalisé qui est le nôtre, où les progrès technologiques démultiplient les échanges et circulations des personnes, des discours, des représentations et des biens tout en aggravant le risque de malentendus culturels et religieux, cette mission subversive, critique et créatrice ne peut pas ne pas rester la note fondamentale, sinon la justification, de tout enseignement et de toute recherche en littératures comparées au Collège de France.

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Ancien élève de l'École normale supérieure et agrégé de lettres classiques, William MARX, né en 1966, est passé par de nombreuses universités françaises, dont l’université Paris Nanterre, où il fut professeur de 2009 à 2019, et étrangères, en Amérique du Nord, en Europe ou encore au Japon. Il est l’auteur d’une centaine d’articles portant notamment sur l’Antiquité classique, sur la littérature et les arts depuis le XIXe siècle autour de la question du modernisme, ainsi que sur l’histoire et l’épistémologie des études littéraires.  

Spécialiste des traditions littéraires française, anglo-américaine, italienne et germanique, comme des littératures grecque et latine, William MARX est aussi un philologue reconnu, qui a établi des éditions critiques, comme celle du dernier tome de l'édition des Cahiers 1894-1914 de Paul Valéry (Gallimard, 2016), et celle des notes de T.S. Eliot sur le cours d’Henri Bergson au Collège de France. Lauréat de l'Académie française, membre honoraire de l'Institut universitaire de France, membre du conseil scientifique du Wissenschaftskolleg zu Berlin (Allemagne), dont il a été fellow, régulièrement invité dans les universités étrangères, William MARX est l'auteur de nombreux ouvrages et essais traduits en une dizaine de langues, parmi lesquels : Un savoir gai (Minuit, 2018), La Haine de la littérature (Minuit, 2015), Le Tombeau d'Œdipe (Minuit, 2012), Vie du lettré (Minuit, 2009), L'Adieu à la littérature (Minuit, 2005), Les Arrière-gardes au XXe siècle (dir., PUF, 2004), Naissance de la critique moderne (Artois Presses Université, 2002). Ses ouvrages sont publiés aux États-Unis et dans le monde anglophone par Harvard University Press et Verso Books.    

Le cours de William MARX au Collège de France débutera le 5 février sur le thème 2019-2020 : Construire, déconstruire la bibliothèque

Cours, séminaires et leçon inaugurale sont ouverts à tous et gratuits, sans condition d'inscription préalable, sous réserve des places disponibles. Sauf exception, ils seront diffusés sur le site du Collège de France. La leçon inaugurale y sera retransmise en direct.    

Photo : Pr William MARX, chaire Littératures comparées (Crédit : Collège de France / Patrick Imbert)

23 janvier 2020
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Culture - Leçon inaugurale
#cdf1530
Collège de France

Entrée libre dans la limite des places disponibles.

11 place Marcelin-Berthelot - Paris Ve
2020-01-23 19:00 2020-01-23 20:00 Europe/Paris Chaire Littératures comparées - Leçon inaugurale de William Marx 11 place Marcelin-Berthelot - Paris Ve