Elisabeth Roudinesco : L'Europe, un bonheur tragique

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Pour la deuxième séance d'Une certaine idée de l'Europe, le cycle de conférence annuel du Groupe d'Etudes Politiques, l'Ecole Normale Supérieure accueille Elisabeth Roudinesco.

Psychanalyste et historienne de la psychanalyse, l'œuvre d'Elisabeth Roudinesco n’est pas à proprement parler « politique », mais il serait difficile de penser l’Europe sans évoquer son inconscient, sans interroger la pertinence de certaines analyses qui font des institutions européennes la réactualisation terrifiante du surmoi paternel, et des résurgences néo-nationalistes "décomplexées" une libération jouissive d'un ça devenu incontrolâble, dont Donald Trump serait le modèle tout satyrique. 

Présentation générale de la série de conférences "Une certaine idée de l'Europe" : 

L’Europe, pendant la plus grande partie de son histoire, a été une idée. 

Elle servait à signifier un profond désir de circulation et de liberté autant qu’un souci de rigueur et de polémique. Comme le montre Marc Fumaroli dans une étude classique, la République des lettres se moquait des régimes plus ou moins despotiques qui l’entrecoupaient et la divisaient. À Milan ou à Paris on se lisait fougueusement, entre Bruxelles et Vienne on se copiait passionnément.

 Aujourd'hui alors même que l’Europe est devenue une institution, elle n’est pas, ou de moins en moins, une idée. La classe intellectuelle qui travaille à faire l’Europe n’est plus à proprement parler composée d’intellectuels mais d’experts, d'excellente qualité, en droit, en administration, en gestion ou en économie. Si bien que la question se pose : Bruxelles est-elle devenue une Cité interdite à laquelle le débat public, ses animatrices et ses animateurs n’auraient plus vraiment accès ?

Force est de constater qu'on peut avoir exploré un large pan des problèmes du monde contemporain durant une carrière intellectuelle internationalement reconnue, sans avoir eu tout à fait l’occasion de proposer une oeuvre qui éclaire à partir de quelques propositions le débat européen. Pire, personne ne donne le ton de ces débats et la polémique en Europe est abandonnée aux nouveaux nationalismes qui tirent profit de la caricature d’une institution froide, mal incarnée et mal pensée.

 Et le comble, à l’ère du numérique et alors que la première génération ERASMUS arrive aux affaires, est que jamais les idées n’ont si peu circulé entre les cités européennes. Entre les croisades patriotiques des uns et le tropisme atlantiste des autres, il semblerait que les penseurs européens et les intellectuelles européennes n’aient plus le temps de se lire, ni même de se copier.

 Ce printemps à Paris et dans une dizaine d'autres villes en Europe, six penseurs internationalement reconnus pour l’envergure de leurs travaux vont être amenés à parler, pour la première fois, de leur idée d’Europe, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives, de nouveaux chemins à parcourir pour renouer les voies d'une Europe idéale, pleinement politique — une certaine idée de l'Europe.

22 mars 2018
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Campus - Conférence
École normale supérieure - PSL, Université PSL,

Conférence en Salle Dussane

Inscription obligatoire

45 rue d'Ulm 75005 Paris
2018-03-22 20:30 2018-03-22 22:30 Europe/Paris Elisabeth Roudinesco : L'Europe, un bonheur tragique 45 rue d'Ulm 75005 Paris