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CEDRE : Au coeur des problématiques républicaines

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Elections présidentielles, conséquences du Brexit, présidence Trump, après une année politiquement dense, la République est dans tous les esprits. Olivier Christin, directeur du CEDRE (Centre européen des études républicaines) l’un des grands programmes de recherche PSL, rappelle les grands enjeux de l’étude des pratiques républicaines et nous présente l’actualité du CEDRE pour 2017-2018. Au programme : publications, colloques, collaborations et le 28 septembre la participation active du CEDRE au colloque Claude Érignac, l’Etat comme garant du système démocratique, organisé par l’Association des Préfets de France.

Olivier Christin directeur du CEDRE grand programme de recherche PSL

PSL : Vous êtes directeur du CEDRE, le Centre européen d’études républicaines, qui a été fondé en juillet 2016. Quelles en sont les missions principales ?

Olivier Christin : Les missions du CEDRE découlent toutes de la priorité donnée à la recherche et à son internationalisation sur des sujets souvent marqués par des biais ou des inconscients nationaux, mais aussi à sa diffusion ou à son réinvestissement dans des contextes qui ne sont pas ceux de la recherche.

Ainsi, le CEDRE conduit, soutient et coordonne les recherches ayant pour objet les théories de la République, l’histoire des idées et des doctrines républicaines, les pratiques politiques spécifiques à l’œuvre dans les systèmes républicains, l’histoire des expériences politiques républicaines en organisant des colloques et des séminaires, en participant à certains projets de recherche ou certains événements, en publiant les actes de ses colloques ou des travaux originaux.

Il collabore également avec des enseignants du secondaire, et des formateurs pour produire de nouvelles ressources pédagogiques (programmes d’histoire ou d’enseignement moral et civique) inspirées par la recherche actuelle. Au printemps 2017, par exemple, le CEDRE a contribué activement au déroulement d’ateliers lycéens sur les enjeux des élections et les pratiques électorales à Lyon et dans la région lyonnaise. Vrai succès auprès des jeunes comme des enseignants, ces ateliers seront bientôt repris sous la forme d’un serious game édité par le réseau CANOPE.
Le CEDRE prend également part au débat public, à sa manière, là encore en partant de la recherche, et prépare, entre autres, pour le début 2018 un cycle d’entretiens publics avec des chercheurs et des responsables politiques sur la question démocratique.

PSL : Vous participez activement au colloque de l’Association des Préfets de France qui se tiendra fin septembre à Paris. Pouvez-vous nous en indiquer les grands enjeux et de quelle façon le CEDRE apporte sa contribution ?

OC: Sur des questions qui concernent directement les pouvoirs publics, les institutions de la République, le fonctionnement de l’Etat, les colloques Claude Érignac de l’association du corps préfectoral organisent de manière régulière une confrontation et un dialogue entre hauts fonctionnaires, élus, responsables politiques et chercheurs de premier plan.
Après la laïcité en 2016, le thème du colloque de cette année sera celui du rôle de l’Etat comme garant du système démocratique, avec le souci de prendre en compte les défis contemporains (désenchantement citoyen, montée de l’abstention ou progression du populisme) mais aussi les nouvelles expériences et les nouvelles attentes démocratiques qui se font jour (jury citoyens, démocratie participative, usage du tirage au sort…).
Le CEDRE a contribué directement au programme de cette rencontre importante en indiquant les directions de la recherche actuelle, en suggérant des noms de chercheurs de qualité et de renom mais pas toujours connus du grand public, en ouvrant sur des perspectives internationales avec des contacts en Suisse, en Italie, en Grande-Bretagne…

PSL : Vous avez tenu une conférence lors de la Journée de la Pensée organisée par l’Union PSL en avril 2016 sur le thème « Au-delà du vote, réinventer la démocratie ». Quel regard portez-vous sur les évolutions des systèmes électoraux dans les grandes démocraties ?

OC: Oui, et je garde un excellent souvenir de cette rencontre. Le contexte s’y prêtait, avec une année électorale incroyable, en France comme à l’étranger, qui me parait appeler plusieurs remarques.
Celle, évidente, de l’affaiblissement des partis sociaux démocrates et des gauches de gouvernement, de l’élection de Donald Trump à la probable victoire de Angela Merkel en septembre, en passant par les échecs des socialistes français et espagnols.
Mais plus profondément aussi, celle de la crise des systèmes électoraux, devenus objets de critique, voire de méfiance. On peut évoquer ici : Trump élu avec moins de voix que Clinton, un Brexit qui accroit les tensions entre l’Ecosse et l’Angleterre, des candidats français séparés par à peine un point à la présidentielle de 2017. Les distorsions que les systèmes électoraux impriment à la volonté générale apparaissent avec plus d’acuité que jamais et nourrissent l’abstention, les votes protestataires «anti-système » mais aussi les appels à des réformes radicales voire au remplacement partiel ou général de l’élection par le tirage au sort. Tout indique que la décision majoritaire, qui semblait aller de soi et constituer l’un des fondements de la vie démocratique, traverse une crise profonde.
Le CEDRE est en prise avec cette actualité et il entend bien participer à la réflexion sur les nouvelles formes démocratiques.

PSL : Et justement, quelle est l’actualité du CEDRE en cette rentrée universitaire ?

OC : C’est une rentrée chargée pour le CEDRE, qui accueille de nouveaux membres et de nouveaux partenaires, et surtout ses premiers doctorants avec l’Institut Historique allemand de Paris et le Fonds National Suisse pour la recherche scientifique.

Nous avons trois chantiers principaux en cours :

  • Deux grands colloques, avec l’association du corps préfectoral le 28 septembre dans le Grand Amphithéâtre de la Sorbonne (L’Etat de la République) et avec les Universités de Lyon 2 et Lyon 3 en novembre à Lyon (Dévouement, dévotion, engagement : servir la Cité).
  • La mise en route des publications du CEDRE, autour des actes du colloque inaugural de novembre 2016, d’un Que-sais-je sur les Cent Mots de la République et des premières éditions scientifiques en ligne de classiques de la pensée républicaine.
  • Enfin, et c’est peut-être le principal, le démarrage du séminaire du CEDRE sur le campus Jourdan, dès cet hiver, sur le thème -d’actualité- de la démagogie avec des invités français et étrangers.