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Découvrir et s’initier à l’art de la rhétorique sur les campus de PSL avec les concours d’éloquence

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« Laisse parler ton cœur, n’écoute pas les langues » conseillait Guillaume de Baskerville, dans Le Nom de la Rose, d’Umberto Eco. « Mais on ne se bat pas dans l’espoir du succès. Non ! Non c’est bien plus beau lorsque c’est inutile… » s’emportait Cyrano de Bergerac. Deux citations qu’a priori rien ne relie, mais qui figuraient toutes deux cette année parmi les sujets de la finale des concours d’éloquence organisés par les associations étudiantes de l’université.

Dans le public ou sur scène, ces deux compétitions, ouvertes à l’ensemble de la communauté PSL, sont l’occasion de découvrir et s’initier à l’éloquence et la rhétorique dans une ambiance à la fois conviviale et passionnée.

Les organisateurs Alexandre Chargueraud et Camille Guillet, respectivement président et responsable événementiel de l’association Union PSL et Chirine Ben Abdelkader, présidente de l’association étudiante Dauphine Éloquence, nous font part de leur expérience et nous racontent les coulisses de ces événements incontournables de la vie de campus à PSL.

Concours d'éloquence

Le 20 avril dernier se déroulait au Collège de France la finale du concours d’éloquence PSL, organisé par l’Union PSL, le BDE de l’université. Dans ce lieu chargé d’histoire, 5 candidates et candidats se sont ainsi affrontés devant un parterre de 400 invités et un jury de représentants de PSL et de grands noms du monde de l’éloquence. « Si j’avais pensé une petite minute au fait qu’un concours, c’est aussi une finale, un jury avec Alain Fuchs, président de l’Université PSL et Bertrand Périer, avocat et spécialiste renommé de l’art oratoire, mais aussi une salle pleine qui vous fixe du regard dans un silence religieux, je ne suis pas certaine que j’aurais été aussi sereine en m’inscrivant ! », sourit Louise, en première année de CPES PSL - Henri IV.

Des compétitions ouvertes à toutes et tous

Mais le stress n’a pas eu pour autant raison de l’étudiante, lauréate de la mention spéciale du jury 2023 et qui confie s’être « surtout beaucoup amusée ». Au CPES, Louise étudie « un joli mélange » de tout ce qui la passionne, un pied dans les sciences dures, l’autre dans les sciences humaines. Elle aime également écrire des histoires et les partager. « J’écris tout le temps, sur tout, et plus ou moins partout », explique-t-elle. Une curiosité insatiable et un amour des mots, qui l’ont poussée à s’inscrire cette année au concours d’éloquence organisé par l’Union PSL.
« Cette compétition est ouverte à toutes et tous, quelle que soit sa formation, son niveau d’étude ou son établissement. Étudiants, doctorants et personnels de l’Université sont les bienvenus », indique Alexandre Chargueraud, président de l’Union PSL et étudiant en Master 2 de microfluidique à l’ESPCI Paris - PSL. « Contrairement aux idées reçues, il n’y a pas besoin d’avoir étudié le droit, la littérature ou toute autre discipline issue des sciences humaines et sociales. Les étudiants en sciences dures y ont aussi tout à fait leur place et chaque année, nous avons des candidats aux profils extrêmement variés. C’est d’ailleurs en grande partie ce qui rend ce concours aussi intéressant, aussi bien pour les participants que pour le jury et le public », souligne-t-il.

« Cette compétition est ouverte à toutes et tous, quelle que soit sa formation, son niveau d’étude ou son établissement », Alexandre Chargueraud, président de l’Union PSL

Une thématique pour laisser place à la créativité

La preuve ? La finale du concours d’éloquence de PSL se déroule chaque année sous une thématique précise, mais suffisamment large pour laisser libre cours à toute la créativité des candidates et candidats. Pour cette septième édition, c’est la “Parole” que les organisateurs ont mise à l’honneur. « Nous essayons de mettre en lien les thématiques avec les lieux emblématiques où se déroulent le concours », explique Camille Guillet, responsable événementiel de l’Union PSL, également étudiante en double cursus en dernière année du cycle d’ingénieur de Chimie ParisTech-PSL et en Master de chimie à PSL. « L’année dernière, la finale se déroulait au Panthéon et chaque candidat devait parler d’une femme y reposant. Pour 2023, nous avions à décider des sujets en relation avec le Collège de France », ajoute Alexandre Chargueraud. « Il nous a donc paru naturel de choisir ce thème de “Parole” dans ce lieu d’enseignement et de savoir transmis : les sujets sont des citations de personnalités ayant enseigné dans ce monument français qu’il s’agisse de scientifiques, d’écrivains, de sociologues... » continue-t-il.

L’opportunité de discourir dans des lieux emblématiques

Mais avant la grande finale, les candidates et candidats doivent passer au préalable deux épreuves, à quelques semaines d’intervalle. Les inscriptions commencent au mois de janvier, pour une première phase de sélection en février. Les participantes et participants reçoivent leur sujet une douzaine de jours à l’avance, pour le présenter ensuite le jour J, devant un jury composé de membres de l’association et d’anciens finalistes.

Ensuite, les candidats retenus, soit une vingtaine environ sur 50 à 70 inscrits au départ, se préparent pour la demi-finale, qui se déroule au mois de mars. Pour cette deuxième étape, le jury est constitué du président de l’association Union PSL et de membres de l’Université PSL : directeurs d’établissements, enseignants, personnels de la vie étudiante ou du pôle communication…  À la suite de cette étape, 5 candidats accèdent à la grande finale. « Celle-ci se déroule dans un lieu d’exception : en 2022, le Panthéon nous ouvrait ses portes, cette année, c’est le Collège de France… », explique Camille Guillet. Cette fois-ci, le jury, présidé Alain Fuchs (président de l’Université PSL), est composé de personnalités et enseignants en art oratoire et éloquence, « des professionnels de renom, habitués des concours d’éloquence », précise-t-elle. Lors de la finale, les participants ont 7 minutes pour argumenter sur un sujet qui leur a été attribué au hasard, une vingtaine de jours plus tôt.

Pour cette édition, il s’agissait ainsi de citations de professeurs émérites du Collège de France, parmi lesquels la philologue Jacqueline Worms de Romilly, ou bien encore les philosophes Roland Barthes et Maurice Merleau-Ponty. « Mon sujet était une citation d’Umberto Eco tirée de son roman Le Nom de la Rose, “ laisse parler ton cœur, n’écoute pas les langues.”, indique Louise. « La préparation de la finale du concours d’éloquence de PSL m’a particulièrement marquée », confie-t-elle. « J’ai d’abord passé plusieurs jours devant une feuille complètement blanche. Et puis l’inspiration vient quand on ne l’attend plus, et écrire devient à nouveau une vraie partie de plaisir », raconte l’étudiante avec enthousiasme.

 

Concours d'éloquence

Des jurys de professionnels et d’orateurs de renom

Créé il y a 9 ans, le concours d’éloquence organisé par l’association étudiante Dauphine Éloquence se déroule de manière légèrement différente. « Nous organisons une sélection au préalable, via laquelle des jurés expérimentés dans l’art oratoire choisissent les 5 finalistes qui iront concourir en finale. La sélection se déroule sur 1 à 2 semaines et se fait à Dauphine ou en distanciel », explique Chirine Ben Abdelkader, présidente de l’association et actuellement en Master 2 Business Transformation en alternance à Dauphine - PSL.
La thématique de la finale est choisie par les membres de Dauphine Éloquence, qui proposent plusieurs citations ou sujets, soumis à un vote. Le sujet le plus plébiscité est ensuite sélectionné. « Nous laissons libre cours à l’imagination des organisateurs pour nous trouver des sujets inspirants », précise Chirine Ben Abdelkader.
Cette année, lors de la finale qui s’est tenue le 23 janvier dernier, les candidats ont ainsi pu démontrer leurs talents oratoires autour d’une citation extraite de la célèbre pièce d’Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac : « On ne se bat pas dans l’espoir du succès, c’est bien plus beau lorsque c’est inutile. »

Tout comme le jury de la finale du concours d’éloquence de l’Union PSL, celui Dauphine Éloquence est composé de membres de l’université et de professionnels reconnus pour leurs talents d’orateur : « il s’agit généralement du président de Dauphine - PSL, d’un ancien gagnant, d’un avocat, du président de la fédération française de Débat et d’Éloquence et d’un politicien ou d’une personne issue du monde audiovisuel », énumère Chirine Ben Abdelkader. Ouvert pour la première fois à l’ensemble de la communauté étudiante de PSL en 2023, le concours s’adresse à tous les profils : « scientifiques ou littéraires, peu importe ! C’est une belle expérience à vivre pour toutes et tous », revendique la présidente de l’association.

Développer sa créativité et gagner en compétences

« Prendre part à un concours oratoire permet de développer des compétences enrichissantes pour le parcours des étudiants, mais qui seront aussi utiles dans leur vie professionnelle », Camille Guillet, responsable événementiel de l’Union PSL

Et les raisons de participer à une telle aventure oratoire ne manquent pas : « c’est l’occasion de s’entraîner à la prise de parole en public. Les étudiants peuvent créer un discours personnel, unique et percutant, de quoi vivre un moment inoubliable », estime Chirine Ben Abdelkader. « Prendre part à un concours oratoire permet de développer sa créativité et de belles compétences, comme la rédaction d’un argumentaire, la prise de parole devant un oratoire ou encore l’improvisation », ajoute Camille Guillet. « Des compétences enrichissantes pour le parcours des étudiants, mais qui seront aussi utiles dans leur vie professionnelle, lorsqu’il faudra expliquer ou défendre un projet ou tout simplement intervenir en réunion, par exemple. », continue-t-elle. « Si vous aimez manier la langue de Molière, c’est aussi une véritable chance de se produire devant 400 personnes, dans un lieu aussi emblématique que le Panthéon ou le Collège de France », estime quant à lui Alexandre Chargueraud.

Juste pour le plaisir de participer

Pour Louise, il s’agit avant tout de prendre du plaisir à participer : « on passe dix jours à tourner dans tous les sens chacun des trois sujets et à trouver des réponses insolites à des questions farfelues, c’est la meilleure partie ! », s’exclame-t-elle. « Écrire sous la contrainte d’un sujet imposé, c’est extrêmement stimulant et très amusant », ajoute l’étudiante. Et à celles et ceux qui hésiteraient à se lancer, la candidate relativise : « Au final, ce n’est pas tant un concours qu’un jeu ! Foncez, vous allez vous éclater. Souvenez-vous que vous n’avez rien à perdre et que si vous souhaitez participer vous avez déjà fait les deux tiers du chemin. »

Se faire sa propre expérience

Et sur scène ou en coulisses, chacun se fait sa propre expérience : « Participer à l’organisation du concours m’a permis de découvrir des étudiants aux talents variés et au phrasé d’une grande beauté ! », témoigne Chirine Ben Abdelkader. « Avoir le retour du public m’a aussi énormément fait plaisir », ajoute-t-elle. « J’ai été contactée par des participants, d’anciens dauphinois et des membres du jury pour nous féliciter de la qualité du concours. Savoir que mon travail et celui des membres de l’association ont été appréciés est toujours source d’une grande satisfaction personnelle. Je n’oublierai jamais cette expérience », conclut la présidente de Dauphine Éloquence.

« Discourir au Collège de France, c’est peut-être la chance d’une vie ! », Alexandre Chargueraud, président de l’Union PSL

Camille Guillet admet volontiers que faire partie de l’équipe organisatrice du concours d’éloquence de PSL lui a beaucoup appris : « cela m’a beaucoup apporté, notamment en termes de compétences dans la gestion de projet, qui nécessite de coordonner de nombreuses personnes - bénévoles, candidats, jurés … Je suis également heureuse d’avoir eu l’honneur d’organiser un événement de cette ampleur dans un lieu aussi emblématique que le Collège de France ! ». Alexandre Chargueraud, également très positif sur son rôle d’organisateur, revient sur un moment qui l’a particulièrement marqué : « Le concours d’éloquence de PSL est pour moi un incontournable de la vie étudiante », explique-t-il. « Cette année, j’ai eu l’opportunité de lancer la finale par une allocution, mais aussi de la conclure. Vous l’aurez donc compris, moi aussi j’ai eu la chance de discourir au Collège de France : si ce n’est pas l’expérience d’une vie, je ne m’y connais pas ! »

Concours d'éloquence

Liens utiles

(Re)voir la finale 2023 du concours d’éloquence de Dauphine - PSL
(Re)voir des extraits de la finale 2022 du concours d’éloquence de PSL au Panthéon

L’art oratoire hors les murs : félicitations à l’équipe du CPES, finalistes de l’édition 2023 du prestigieux tournoi de la French Debating Association !
Le 6 avril dernier à l’Assemblée nationale, les équipes du CPES PSL - Henri IV et de l'ENSAE se sont affrontées lors d’une joute oratoire de haute voltige, à l’occasion de la finale du tournoi de la French Debating Association (FDA). Bravo aux finalistes pour leur incroyable parcours !

Chaque année depuis 1993, des équipes de grandes Écoles et universités - aujourd’hui 19 - comme Polytechnique, PSL, l’ENSAE, HEC, les Ponts et Chaussées, Télécom Paris, l’université Paris II Panthéon Assas, etc s’affrontent dans la langue de Shakespeare. Le tournoi de la FDA se déroule en plusieurs manches, étalées de janvier à mars, et se conclut par la légendaire finale à l’Hôtel de Lassay, la résidence du Président de l’Assemblée nationale, sous le regard expert d’un jury composé de personnalités de la presse anglophone et de représentants politiques.

En savoir + sur le tournoi de la FDA

Pour aller plus loin : Une interview de l’équipe de l’ENS - PSL, qui avait remporté le tournoi en 2021.

Focus sur… le programme Tous Éloquents

En 2023, Dauphine Éloquence a lancé avec les associations l’Éloquence du bégaiement et l’Éloquence de la Différence le programme “Tous Éloquents”.

L’objectif ? Démocratiser l’art oratoire en organisant une série d’ateliers et un concours à destination des personnes avec des handicaps impactant la communication (bégaiement, trisomie 21, autisme et surdité). Via ce programme, l’art oratoire peut ainsi permettre de mieux accepter et mieux vivre son handicap au quotidien.

Ce projet, initié par Mounah Bizri, fondateur de l'éloquence de la Différence, et alumni de Paris Dauphine, propose notamment 18h de formation sur les fondamentaux de la prise de parole et la confiance en soi, ainsi que 6 à 8 ateliers pratiques de mise en situation.

Dates clés 2023 du projet :

  • Depuis le 15 avril : début des formations à l’Université Paris-Dauphine
  • 27 mai : sélection au sein de dauphine des orateurs pour le concours d’éloquence
  • 20 juin : finale du concours au Grand Rex. Pour y assister, prenez vos places en ligne ici (gratuit)

Étudiantes et étudiants de PSL vous souhaitez participer au programme ou devenir formateur bénévole (sans pré-requis) ? Contactez Dauphine Éloquence à dauphineloquence@gmail.com