Innovation

Imaginer les conflits de demain : parution de « Ces Guerres qui nous attendent », volume 2, quand la science rencontre la science-fiction

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Un an après le succès du premier opus vendu à 27 000 exemplaires avec quatre réimpressions, Ces guerres qui nous attendent, saison 2 sort aux éditions des Équateurs. Cet ouvrage est la restitution grand public du travail de prospective inédit de la Red Team Défense, mêlant science et science-fiction.

Ces Guerres qui nous attendent - Redteam defense- Volume 2

Né de la volonté de l’Agence de l’innovation de défense du ministère des Armées, la Red Team Défense pousse à l’extrême la pratique de lier science-fiction et innovation pour construire un dialogue nourri entre les armées françaises, les sciences et les arts.

« En permettant une immersion dans un univers parallèle scientifiquement informé, la science-fiction introduit la distance nécessaire avec le réel pour mieux entrevoir les possibles futurs sur les sujets complexes abordés par cet ouvrage : la manipulation du vivant d’un côté, la sobriété énergétique de l’autre.
Ces ≪ lunettes ≫ de la science-fiction sont la clé de la réussite de ce projet et c’est aussi ce qui explique le formidable accueil qui lui a été réservé.»
Cédric Denis-Rémis, vice-président de l’Université PSL

Le projet mobilise des auteurs et des dessinateurs de science-fiction afin d’imaginer des scénarios de menaces pouvant mettre directement en danger la France et ses intérêts à horizon 2030-2060. Mandatée par le ministère des Armées pour piloter les travaux de la Red Team Défense, l’Université PSL lui associe de nombreux scientifiques issus de ses laboratoires pluridisciplinaires de pointe. Leur rôle : nourrir l’imagination des auteurs, assurer la cohérence scientifique des récits et évaluer l’impact des transformations imaginées par les auteurs.

Ces guerres qui nous attendent, saison 2 met en avant l’aspect inédit du travail scientifique qui accompagne la Red Team Défense. Terence Strick (ENS – PSL), Nadia Maïzi (Mines Paris – PSL), Greg de Temmerman (Mines Paris – PSL) et d’autres chercheuses et chercheurs de Dauphine – PSL, Chimie Paris – PSL de l’EnsAD réagissent aux scénarios imaginés par François Schuiten, Romain Lucazeau, Virginie Tournay, Laurent Genefort et Saran Diakité Kaba.
L’enjeu de ce travail inédit est de rendre ces explorations plausibles, de faire apparaître les impensés et d’inciter à l’action.

Ces guerres qui nous attendent, Volume 2 - Extraits

Scénario 1 : Une guerre écosystémique

Et si demain le monde redevenait un territoire de conflit ouvert, dont le principal protagoniste serait une nature devenue incontrôlable ? Facilement appropriables, les outils d’intervention sur la matière biologique se démocratisent, avec, pour effet, un bouleversement radical des sociétés civiles et militaires. Ni possesseur, ni jouisseur de la planète, le citoyen du XXIème siècle se doit, en vertu de la démocratisation des outils d’intervention sur le monde vivant, d’agir sur son environnement local pour préserver les écosystèmes.
L’art de la guerre en est profondément changé. Les technologies « écosystémiques » sont ambivalentes, car elles peuvent aussi bien résoudre des famines que détruire des champs cultivables. Par extension, l’ensemble des règnes du monde vivant, incluant évidemment l’espèce humaine, constitue une arme en puissance. Les systèmes d’armes sont donc potentiellement partout.
Aussi, la guerre n’a plus d’espace à proprement parler, le théâtre des opérations est infini. Ses temporalités sont multiples : tout changement imperceptible à un instant donné peut se révéler dévastateur à l’instant suivant. C’est le principe de ces guerres que l’on qualifie dorénavant
d’ « écosystémiques ».

Eclairages scientifiques - extraits    

  • Terence Strick, Professeur à l’Institut de biologie de l’ENS – PSL, responsable de l’équipe Moteurs et machines moléculaires : « Nous sommes engagés dans une guerre historique contre les virus et bactéries, et la pandémie de Covid-19 nous a rappelé́ la puissance déstabilisante de ces agents pathogènes. Que faut-il craindre le plus : une « weaponization » délibérée, ou un accident de laboratoire ? Nul besoin d’invoquer la malice, quand l’incompétence suffit ! Un labo de Boston a annoncé avoir créé́ un méga-Covid, combinant forte létalité́ et forte viralité́. Or, ils ont travaillé dans un niveau de biosécurité́ P3, là où il aurait fallu du P4. Le risque est là. L’ennemi, c’est nous ! »        
  • Michel Goya, Historien, ancien colonel des Troupes de marine : « L’enjeu des travaux de la Red Team consiste précisément à faire apparaître ce possible, à alerter sur un champ d’affrontement. La « weaponization » du vivant peut se jouer à la fois dans le microscopique, avec des virus et de l'ADN, et dans le macroscopique, avec des organismes animaux et végétaux. »                 

Scénario 2 : Basse énergie, Après la nuit carbonique

A la suite d’un mégafeu qui brûle pendant des mois à l’été 2035 et ravage des milliers d’hectares, les sujets environnementaux s’imposent enfin comme une priorité pour les pays du monde. Il faut décarboner l’énergie, autant pour lutter contre la catastrophe climatique que pour pallier la pénurie d’énergies fossiles. Celles-ci sont désormais bannies du mix énergétique.
La « nuit carbonique » provoque une prise de conscience : la décarbonation de l’atmosphère n’est plus une option, mais une question de survie mondiale.
Les citoyens comme les organisations publiques et privées doivent s’adapter. Quel impact sur le fonctionnement et l’équipement des Armées ? Capter, stocker, faire circuler, récupérer l’énergie sont devenus des défis majeurs, illustrés par une course contre la montre lors d’une opération extérieure.

Eclairages scientifiques - extraits                

  • Nadia Maïzi, Professeure à Mines Paris – PSL, directrice The Transition Institute 1.5, co-auteure du sixième rapport du GIEC, directrice du Centre de mathématiques appliquées et de la chaire Modélisation prospective au service du développement durable : « En imaginant que des solutions technologiques permettent, par exemple, de maintenir notre consommation énergétique en se passant des hydrocarbures, cela n’écarte pas la question des externalités de ces innovations, de leur propre impact sur l'environnement. Ou plus simplement des limites physiques et économiques à leur déploiement. Essayons d’imaginer ce que pourrait donner, au plan industriel et économique, une énergie diffuse, intermittente. Pas facile ! Or c’est précisément l’expérience qui est figurée autour des soldats du scénario : les contraintes énergétiques leur imposent en permanence des arbitrages, des compromis fins entre poids, énergie, puissance. Et ces compromis sont gérés par les individus. Il y a là un monde possible, dans lequel il nous faut apprendre à nous projeter. »                 
  • Grégory Lefèvre, Directeur de recherche, Institut de recherche de chimie Paris (CNRS/Chimie ParisTech - PSL), responsable PSL du master Ingénierie nucléaire : « Près de 70 projets de « petits réacteurs modulables » sont recensés aujourd’hui, dans des pays qui ont une tradition nucléaire comme les Etats-Unis, la France ou la Russie, mais aussi dans des pays qui n’en ont pas, comme le Danemark. Dans ce monde encore émergent, on distinguera deux pôles, qui engagent des travaux de recherche différents. Les modèles statiques ou placés sur des barges flottantes, qui pourront remplacer des centrales à charbon, car leur puissance est équivalente (100-300 MW) ont un niveau de maturité́ technologique très haut. L’autre pôle est moins avancé et plus ambitieux. Il s'appuie sur des technologies différentes (sels fondus caloporteurs, neutrons rapides), et permettra d’extraire les déchets en continu. Plusieurs start-up sont à la manœuvre. Les labos aussi : il y a de forts enjeux de recherche, notamment du fait de la chimie particulière des sels fondus. Les méthodes de caractérisation et d’investigation existent – reste à collecter les données. »
  • Greg De Temmerman, Directeur général du think tank Zenon Research, chercheur associé à Mines Paris – PSL : « Le système énergétique actuel est très inefficace, car basé principalement sur la combustion… la transition énergétique va nous voir passer d’un système basé sur la combustion d’énergies fossiles à un système intensif en métaux. Il reste des gains d’efficience substantiels à aller chercher, notamment en pensant en termes de système et pas forcément d’usage final. Par exemple, un système de transport urbain basé sur des transports en commun et des véhicules légers sera beaucoup plus efficient qu’un système basé sur des voitures thermiques de 1,3 tonne occupés par une personne de 70kg. »

 

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