Université

Mobilisons-nous pour construire l'université de demain

Le

Alain Fuchs, président de PSL, revient sur les enjeux de la construction de l’université PSL dans le contexte de la restructuration de l’enseignement supérieur et la recherche en France et à l’international.

Alain Fuchs Nouveau président de PSL

L’organisation de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR) fait l’objet d’évolutions marquées dans de nombreux pays scientifiquement et culturellement développés. Les grandes puissances scientifiques qui occupaient l’essentiel du terrain de la science et de la technologie au 20e siècle (l’Amérique du nord, l’Europe, le Japon et la Russie) doivent s’adapter au choc de la mondialisation et de la montée en puissance rapide d’acteurs tels que la Chine, Singapour, la Corée, Taiwan, etc. On assigne au même moment aux institutions de l’ESR la mission d’élargir leur assise scientifique comme source d’innovation et de bien-être économique, mais aussi de se préoccuper des grands défis planétaires tels que le réchauffement climatique, la transition énergétique, le vieillissement des populations et d’autres encore. On assiste ainsi depuis une ou deux décennies à une modification profonde de la conception de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, jusque-là identifiés essentiellement à des missions de transmission et de progrès de la connaissance. On en demande toujours plus à l’ESR, sans que la hiérarchie des priorités soit toujours clairement énoncée, ni même comprise.


La conviction s’est installée au sein de nombreux pays qu’une restructuration en profondeur de l’organisation de leur système d’enseignement supérieur, fondée sur un principe de différentiation des missions et de concentration de l’excellence académique sur quelques établissements ou sites, devait permettre de remplir plus efficacement les missions élargies qui lui ont été confiées.
À l’horizon du printemps prochain, plusieurs projets d’envergure, dont PSL, doivent relancer la dynamique globale en devenant lauréats Idex. Ma conviction est que le potentiel scientifique parisien, porté par quelques belles universités, est comparable à celui de Londres ou de Boston.


PSL existe. Elle forme d’excellents étudiants que les établissements qui la composent ont sélectionnés, et elle délivre des diplômes. Sa production cumulée dans les domaines des sciences et technologies, des arts, des lettres et de la préservation du patrimoine est de très haut niveau. Elle possède donc en apparence tous les attributs d’une université du 21e siècle de rang mondial. Presque tous ! Que lui manque-t-il ? Pour l’essentiel, une visibilité et une crédibilité nationale et internationale accrue en tant qu’université PSL de plein exercice. Des efforts très notables ont été entrepris dans cette direction, et pour la première fois PSL est apparue en 2017 dans le classement du Times Higher Education (THE).

L’équation à résoudre pour construire notre université est connue. Chacun de nos établissements est une pépite disciplinaire et souvent multidisciplinaire. Ensemble nous couvrons un très vaste champ de formation, de recherche et de production artistique. Ce dernier point constitue un atout absolument distinctif dans le paysage français, et place PSL au niveau de nombre de grandes institutions étrangères pour lesquelles les écoles d’art et de création artistique ont depuis longtemps une place distinctive en leur sein. L’ancienneté et la réputation d’excellence de nos établissements, la qualité de nos étudiants et la notoriété de nos enseignants et chercheurs constituent un ensemble extraordinaire pour créer une grande université : PSL est riche des histoires entrecroisées et de l’identité de chacun.

Chaque établissement pris isolément est parfaitement conscient toutefois qu’il ne relèvera pas seul les défis de la globalisation, et ne répondra pas non plus aux sollicitations nouvelles et multiples qui se font jour dans son environnement local, sans s’allier à d’autres établissements partageant la même culture.

C’est le sens de la construction de l’université PSL dans le respect du principe de souveraineté partagée entre l’établissement public PSL (structure commune) et les établissements qui composent l’université. Il n’y aura d’université PSL visible, crédible et installée dans le paysage sur le long terme que s’il émerge une culture commune, accompagnée d’un sentiment d’appartenance à une même communauté.

C’est un sujet sérieux, et la marge de progrès est importante. De plus en plus de membres de nos communautés d’enseignants-chercheurs, de chercheurs, de personnels techniques et administratifs et bien sûr d’étudiants s’approprient le projet PSL. Un tel esprit de communauté est favorisé par des manifestations collectives et des mesures à fort contenu symbolique. Il en existe déjà et il faudra amplifier le mouvement. Mais l’université PSL s’identifiera d’abord par des projets forts trans-établissements. Là encore, on peut d’ores et déjà identifier quelques projets existants, de grande qualité et à fort potentiel : les projets IRIS, les masters communs comme celui d’histoire transnationale, le CPES, les remarquables doctorats SACRe et ITI, et bien d’autres encore. C’est la voie à suivre.


Il est clair que la période septembre 2017 – février 2018, et la défense du projet devant le jury Idex en mars, va conditionner l’avenir de l’université PSL. Les efforts devront être entièrement tendus vers la réussite de l’Idex, le jury semble placer la barre assez haut en matière d’intégration institutionnelle. En ces quelques mois décisifs, nous aurons besoin de la mobilisation de tous pour mener PSL vers la réussite. Notre responsabilité est grande.


Vous m’avez fait l’honneur de m’élire à la tête de PSL pour mener ce projet à la victoire. Soyez assurés que mon engagement sera total.


Alain Fuchs, Président de PSL