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« Envisager autrement nos objets de recherche » Le programme doctoral PSL-Biogen

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Le programme doctoral PSL-Biogen publie son troisième appel à candidatures auprès des équipes de recherche de PSL. Lancé en 2018, afin de promouvoir la recherche thérapeutique, ce programme d’échange a permis d’initier huit travaux de thèses sur des sujets majeurs. Chaque doctorante et doctorant bénéficie d’un double tutorat personnalisé auprès des chercheurs de PSL et des scientifiques de Biogen. Graça Raposo (directrice de recherche au CNRS et cheffe d’équipe l’Institut Curie) Alexander MC Campbell (Senior director Biogen) et Karl Richter (ingénieur de recherche et doctorant Biogen) reviennent sur leurs deux années de collaborations scientifiques. 

laboratoire de Graça Raposo à l'Institut Curie (établissement composante de l'Université)

PSL : Karl Richter, vous êtes ingénieur de recherche au sein de Biogen. Qu’est-ce qui vous a décidé à rejoindre le programme doctoral ?

Karl Richter : Ce programme est avant toute chose une très belle opportunité professionnelle et personnelle. Il me permet non seulement d’enrichir ma carrière d’une nouvelle expérience, mais en plus de travailler étroitement avec un laboratoire de recherche en neuroscience d’une grande université internationale comme PSL. Cette proximité avec le monde scientifique est un réel atout. En tant qu’ingénieurs de recherche au sein de Biogen, nous suivons étroitement l’actualité scientifique de nos domaines respectifs, mais notre activité ne nous laisse pas le temps d’expérimenter ou de mettre en pratique nos lectures, ce que je peux faire en étant doctorant du programme. C’est passionnant et cela me permet de compléter mes connaissances en neurosciences. Je m’en serai voulu de laisser passer ma chance.

 Appel à projets 2020 du programme doctoral PSL-Biogen

PSL : Comment s’est fait le choix de votre sujet de recherche ?

La définition du sujet de recherche de Karl a vraiment été le fruit d’une réflexion collective, entre Karl et moi dans un premier temps, puis avec Antoine Triller

Karl Richter : C’est une bonne question. Pour définir mon objet de recherche, nous avions défini avec Alexander deux prérequis : le sujet devait permettre d’explorer de nouvelles techniques en biologie tout en permettant, in fine, la mise au point d’un nouveau traitement thérapeutique. Nous avons ainsi dressé un inventaire des techniques et outils à disposition au sein de notre laboratoire pouvant répondre à une partie de la question initiale, puis les avons confrontés avec ceux de PSL. Mon travail de thèse devait ainsi permettre la complémentarité entre nos approches, et nous avons décidé que je travaillerai sur les « Interactions des dipeptides RAN avec l'enveloppe nucléaire et les protéines d'importation et d'exportation nucléaires - Interactions of RAN dipeptides with the nuclear envelope and nuclear import and export proteins »
Alexander Mc Campbell : La définition du sujet de recherche de Karl a vraiment été le fruit d’une réflexion collective, entre Karl et moi dans un premier temps, puis avec Antoine Triller (ENS - PSL). C’est d’ailleurs lui qui nous a mis en relation avec Graça pour développer le projet.
Graça Raposo : Oui, cette part d’échanges et de discussions est extrêmement importante et essentielle, ne serait-ce parce qu’au-delà de la définition du sujet de thèse en lui-même, elle se poursuit tout au long de la collaboration. Potentiellement, toute nouvelle captation d’une portion de la cellule via une image de très haute résolution soulève quantité de questions nouvelles, qui peuvent ou non réorienter les travaux. Pour ma part, quand j’ai été contactée pour être l’encadrante PSL du travail de Karl, j’ai immédiatement accepté. En tant que chercheuse ou chercheur, les opportunités sont rares de travailler côté à côté avec le secteur industriel, qui plus est dans un contexte international. Il nous reste, pourtant, beaucoup à découvrir en biologie cellulaire. Ces collaborations nous permettent de partager nos expériences respectives, par exemple, sur l’imagerie haute résolution , ou encore nos différents outils et techniques pour étudier le comportement des cellules et plus généralement dans des pathologies comme les maladies neurodégénératives. C’est un partenariat gagnant-gagnant.

PSL : Chaque doctorante et doctorant bénéficie d’un double tutorat personnalisé, ce qui est assez original en France. Quels sont selon vous les avantages de cette supervision ?

Le croisement des approches entre la recherche fondamentale et la recherche clinique sont très complémentaires et répondent à un objectif commun de faire évoluer les nouvelles stratégies thérapeutiques.

Karl Richter : C’est deux fois mieux (rires !). Plus sérieusement, l’un des principaux avantages de cette co-supervision est d’initier très tôt le travail d’équipe et ainsi de bénéficier de différentes approches et points de vue. En recherche scientifique, personne n’a, à priori, l’illusion ou la possibilité de tout savoir, et les divergences sont une force.
Alexander Mc Campbell : Effectivement, ces différentes perspectives sont très enrichissantes tant pour le travail de thèse que nous supervisons que pour nos travaux respectifs. Nous collaborons et dialoguons ensemble au travers du langage international de la science, que souhaiter de mieux !
Graça Raposo : Si je suis totalement d’accord, je me permets cependant d’apporter une nuance. La co-supervision ne peut bien fonctionner qu’à la seule et unique condition que les deux tuteurs s’accordent au départ. Encore une fois, l’ensemble des échanges qui préparent cette collaboration sont essentiels, comme cela a été le cas pour la thèse de Karl. Par ailleurs, dans ce cas précis, l’un des principaux avantages est pour moi le croisement des approches entre la recherche fondamentale menée au sein de PSL et la recherche clinique propre à Biogen. Bien que différentes, les deux sont très complémentaires et peuvent, voire doivent dans certains cas, se comprendre pour répondre à un objectif commun de faire évoluer les nouvelles stratégies thérapeutiques.

Interview d'A. Triller et C. Henderson, co-coordinateurs scientifiques du programme doctoral 

PSL : Graca Raposo, vous êtes directrice de recherche CNRS au sein de l’Institut Curie. Comment vos activités au sein du programme PSL-Biogen et plus particulièrement la supervision de la thèse de Karl Richter s’intègrent dans vos activités de recherche ?

Nous soupçonnons des connexions multiples entre la peau et le cerveau. Rien n’est encore scientifiquement solide, mais il s’agit d’intuitions similaires à celles qui, il y a quelques années ont guidé les travaux sur les liens entre le cerveau et le microbiote. Les recherches de Karl m’intéressent particulièrement à ce titre

Graça Raposo : Je suis ravie de superviser le travail de Karl, et j’espère que la collaboration durera bien au-delà de la thèse. Nos échanges et discussions m’ont inspiré certaines idées pour de nouveaux projets de recherche. Au sein de l’Institut Curie, mes travaux et ceux de mon équipe portent spécifiquement sur les organites cellulaires et leurs altérations dans des pathologies. En utilisant l’imagerie électronique de très haute résolution, nous sommes en mesure d’observer l’évolution des cellules, notamment dans le cas précis de maladies neurodégénératives. Les derniers résultats de recherches dans ce domaine, nous invitent à envisager qu’il existe des connexions multiples et insoupçonnées entre la peau, que nous étudions, et le cerveau. Rien n’est encore scientifiquement solide, mais il s’agit d’intuitions similaires à celles qui, il y a quelques années ont guidé les travaux sur les liens entre le cerveau et le microbiote. Les recherches de Karl m’intéressent particulièrement à ce titre, car elles apportent une approche différente qui nous permettrait peut-être d’éclairer certains aspects. Il faut avoir à l’esprit que les cellules qui nous composent sont non seulement multiples, mais multi compartimentées, leur observation dépend souvent du point de vue de l’observateur et donc de l’objet même de la recherche. En adoptant d’autres angles, le partenariat PSL-Biogen nous invite à envisager différemment nos objets de recherche. C’est passionnant et très enrichissant. Par ailleurs, au-delà de la supervision des travaux de Karl ou d’autres, ce partenariat permet de créer une communauté scientifique. Les deux jours de séminaires début octobre 2019 à PSL ont été à ce titre extrêmement riches

L'ensemble des membres du programme doctoral PSL-Biogen lors du symposium du 7 et 8 octobre 2019 © Universite PSL
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Date limite de soumission : 24 février 2020

Contacts :

  • Dépôt des sujets et informations : biogen@psl.eu
  • Yuriko Hirohata - 01 85 73 54 94
  • Sonia Litaïem-Cassuto - 01 75 00 02 97